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11.12.2008

Bilan 2007 (ben oui y'a un peu de retard, mais bon, hein...)

Remerciements, et bilan général des Rencontres-cénacle-laboratoire des 4 et 5 septembre 2007 au Nombril du monde, à Pougne-Hérisson. Débat introduit et animé par André CURMI. André Curmi est responsable de l'Observatoire régional du spectacle vivant en Poitou-Charentes.

Remerciements de Gabriel Lucas, directeur du Nombril du Monde :
"Je tiens particulièrement à remercier André CURMI qui nous a accompagné dans cette réflexion, qui nous a questionné, titillé et empêché de penser en rond. Je tiens également, avec lui, à remercier l'ensemble de l’Agence Régionale du Spectacle Vivant, d'abord parce que c’est au titre de l’A.R.S.V. qu’André est là, mais aussi parce que l'Agence a été un formidable partenaire d'un point de vue logistique, prêt de materiel, communication, etc. Je remercie bien sûr les différents intervenants : Isabelle Auricoste, Christophe Blandin-Estournet, Philippe Saunier-Borrell et Claude Gudin - certains d’entre eux sont aussi modérateurs sur des ateliers. Et deux modérateurs viennent les rejoindre : Adrien Guillot, chef de projet arts de la rue - transformation de l'espace public à la région Poitou-Charentes et Jany Rouger, directeur de l’A.R.S.V. Je les remercie vivement pour leur collaboration. Je remercie également et sincèrement les artistes qui sont intervenus pendant ces deux jours : Claude Gudin, Enfin, un grand « merci » à toute mon équipe qui a travaillé depuis déjà quelques mois, et de façon spécialement intensive les derniers jours, sur ces deux journées. Merci à tous les participants d'être venus en ces contrées lointaines, et pour certains d'avoir traversé la France pour participer à ces rencontres. Enfin, ces deux jours de réflexion se sont déroulés dans le cadre du Temps des Arts de la Rue en Région Poitou-Charentes. Je remercie donc tout spécialement la région Poitou-Charentes pour son soutien, et tous nos partenaires : la DRAC, le département des Deux-Sèvres et la communauté de communes Espace Gâtine."


La première constatation c’est que s’opère là véritablement une décentralisation à partir même du territoire et dans son horizontalité, dans l’ensemble de ces deux vecteurs. Cela ne se limite évidemment pas aux professionnels de la profession et aux artistes, ni à tous ceux qui ont toute légitimité et nécessité d’exister pour que les choses apparaissent et se concrétisent.

Quand tous ces niveaux d’acteurs, de décideurs, de metteurs en œuvre et de metteurs en ouvrage sont effectivement rassemblés, on s’aperçoit que les choses sont tout à fait possibles et à des endroits où ni l’accessibilité, ni l’histoire antérieure, ni des habitudes séculaires ne permettaient de penser qu’elles le seraient.
C’est une espèce d’invention de la décentralisation par le bas. Ces ateliers ont permis de révéler, d’avoir immédiatement de l’appropriation très pratique. Cette appropriation peut tout à fait consister à se donner des rendez-vous et à proposer d’approfondir tel ou tel sujet. […] Nous sommes dans l’esquisse de la pénétration d’autres réseaux et de mise en vibration.

Il y a peut être des réseaux souterrains dont certaines formes aujourd’hui affirmées comme s’inscrivant dans ce projet vivant des Arts du chemin représentent quelques rhizomes. Il faut multiplier les réseaux.

Toutes sortes de choses introduisent, sans qu’on l’ait désiré ou imaginé, du changement dans la méthode, ou posent comme préalable de s’interroger méthodologiquement différemment parce qu’on poursuit un projet de nature effectivement différente.


Puisque vous avez, et à raison, écarté un répertoire d’œuvres, on pense véritablement à un répertoire opératoire. De quoi pourrait-il se composer pour devenir justement opérationnel ? »

De façon très basique, des artistes peuvent avoir envie de s’inscrire avec des coordonnées et dire : « moi aussi je m’intéresse à ce sujet là », des diffuseurs peuvent avoir envie de faire la même chose. Il peut aussi y avoir de courts récits d’expériences, voire des désirs d’expériences et, aussi, ce travail mis en avant d’autres réseaux avec lesquels on pourrait avoir des choses à faire, choses qui pourraient rendre service aussi aux acteurs de ce réseau.

Une liste avec des adresses, des contacts et les lieux qui ont envie de programmer des spectacles, les lieux qui ont envie de savoir où il se passe des choses spécifiques aux Arts du chemin. Un outil de travail.

Il faut quand même tenter cette plus-value de connaissances entre nous, trouver la forme, c’est faire la proposition d’une grille de renseignements, qu’elle ne soit pas purement identitaire, qu’elle donne accès à la sensibilité, au sens et au désir.


- Une méthode peut être alternative et innovante

Mais la difficulté c’est de passer de cet ordre vertical, c'est-à-dire de cette transmission verticale des financements, des commandes, à l’ordre horizontal. Et là, on n’a pas de mode d’emploi pour l’instant. Chacun l’expérimente, pour sa part, sur le terrain.
« C’est un nouveau mode opératoire réellement en phase, avec ce qu’on est en train de vivre actuellement, avec les mutations d’époque. Il est urgent de trouver des solutions à ça. On peut trouver des exemples qui marchent, pour voir comment s’y prendre, analyser des cas…

S’il y a des choses qui marchent, on n’est pas obligé d’y coller, mais si une idée est bonne, pourquoi ne pas en tirer quelque chose de cette idée là : un système de fonctionnement. On n’est pas obligé non plus de devoir créer pour créer. Il y a des choses qui existent, on peut s’en inspirer. On peut essayer de les articuler, de les adapter à ce qu'on voudrait faire.

Comment s’y prendre pour mobiliser des gens, qui pourraient fonctionner ensemble, en réseau, en dehors du champ strictement limité du cloisonnement professionnel ou thématique ? C’est là qu’il peut y avoir des récits d’expériences. C’est intéressant pour construire, l’expérience collective.

Ce qui ressort des échanges c’est quand même qu'il y a nécessité à s’améliorer sur les méthodes. Il y a une demande assez forte.

Comment peut-on faire avec les spécificités des Arts des chemins pour travailler avec des acteurs que nous n'avons pas l’habitude de côtoyer, ou élargir le réseau ?
Commençons avec de petits moyens. Avec très peu d’argent, il y a moyen de faire des choses. Ces deux jours que vous avez organisés sont une étape importante. Et avec des ateliers d’échanges d’expériences, des gens pourraient venir en ayant monté un spectacle, s’étant plus ou moins planté ou étant déçu par rapport à ce qu’ils s’étaient fixés comme objectifs, pour présenter ça, soit de manière orale soit sous forme de spectacle, en disant : « qu’est-ce que vous proposeriez pour qu’on essaye de faire mieux ? »

« Du coup, est-ce que ce ne serait pas le moment qu’il y ait un instant de rencontre, mais pas seulement avec votre réseau, qui soit l’occasion de rencontrer d’autres réseaux et de contribuer à faire mieux connaître ce genre d’expérience ? C’est éventuellement avoir le regard d’autres réseaux, et, peut être, une co-organisation, justement, avec ces autres réseaux. »


- Conserver un certain nombre de valeurs : échange, solidarité, ouverture, rencontre, approche de la différence

« C’est plus peut être par des rencontres comme celle là, une fois ou deux fois par an, que les valeurs vont être un peu plus affirmées, et il va y avoir plus de nuances, plus d’enrichissements sur les points de vue, etc. Et, à partir de ça, ça pourra peut être se construire.

L’histoire des arts du chemin, d’une certaine façon, peut être revendiqué par des valeurs communes à plusieurs autres ensembles. Ce qui en fait la particularité c’est que ça se singularise à un moment donné dans un rapport concret entre des œuvres, des processus artistiques partagés avec des populations et qui associent le plus souvent d’autres jeux d’acteurs que les jeux d’acteurs traditionnels. »


- croiser notre approche avec d’autres regards pour aller plus loin dans cette transversalité sur le territoire

« J’aurais aimé qu’ils soient plus nombreux ic à avoir d’autres regards parce qu’on est souvent entre « cultureux » et c’est là les limites de ce genre d'échanges. Je trouve que ce qui serait vraiment intéressant dans l’avenir, c’est d’arriver à développer ce genre de rencontres en croisant un peu plus les regards. On irait vraiment plus loin dans cette nouvelle approche de la décentralisation, dans cette transversalité et dans cette horizontalité. Si on a un rôle à jouer, c’est celui là. Ce sont d’autres acteurs du territoire qui ont un autre regard et c’est intéressant d’aller plus loin dans ces croisements de regards.

Il me semble vraiment temps d'ouvrir ces échanges à des gens qui bossent sur l’environnement, sur l’aménagement du territoire, sur le paysagisme, à des profs de lycée agricole socioculturels, etc.

Il est intéressant que ces réseau professionnels soient confronté à l’artiste, et que l'artiste soit confronté à eux. Dans la mise en place d'un projet artistique et/ou culturel sur un territoire, ces partenariats avec les différents professionnels du territoire sont à mettre en place dès le départ et dès la conception du projet. »


- Une place dans la vie politique à revendiquer

« Vous avez une spécificité qui n’est pas suffisamment revendiquée. Vous êtes dans une situation particulière, vis-à-vis d’un certain nombre de commanditaire, de financeurs, qui sont les élus des collectivités. Ce qui semble caractériser les arts de la rue ou du chemin, c’est le fait qu’on réadapte à chaque fois. Ceci peut changer le regard des élus sur leur ville, sur le quartier, et toucher du doigt, ce que peut apporter le regard d’un artiste dans la vie, dans la gestion des affaires de la commune.

Mais ce regard que vous pouvez apporter, ce décalage, ce droit que vous vous donnez de tout remettre en cause, de poser des questions que les professionnels ne vont pas oser poser parce qu’on aura peur de se déconsidérer, ça vous pouvez le faire. Et il me semble que c’est vraiment une spécificité de ce milieu là, c’est peut être aussi un moyen de faire sauter quelques œillères ou de sortir de son cadre habituel et j’ai vraiment le sentiment que ça, ça n’est pas suffisamment revendiqué. Alors, ça ne sert peut être pas à construire un réseau mais ça sert à le brancher effectivement sur quelque chose.

Vous avez une place dans la vie politique sans doute plus importante que celle que vous pensez. Tout particulièrement effectivement en milieu rural où les choses se traitent à échelle plus humaine que dans des grandes villes où sauf des cas très exceptionnels, rares vont être les élus que vous pourrez rencontrer directement et qui vont comprendre l’intérêt qu’ils ont à vous associer à la gestion de leurs affaires.

Je crois que la plus-value qu’il faut absolument viser c’est de prendre en compte qu’il y a un véritable changement dans la façon dont s’assume la décision publique à un certain niveau, aujourd’hui, de territoire. »


- Un travail partagé dans la durée

« Le fait qu’il y ait tant de personnes venant de tant d’endroits différents est riche, mais le lien entre nous doit être pérenne sur l’année et ne doit pas simplement arriver ponctuellement.

Le prochain rendez-vous un peu numériquement important, peut être plus encore que celui-ci, doit marquer une étape de progression et, pour passer effectivement à une plus-value du travail et une plus-value de l’échange, ça nécessite qu’il y ait du travail partagé.

Il faut qu’on assume notre rôle de réceptionner les choses, de les digérer à partir de la connaissance qu’on a de l’histoire du réseau et de son évolution, et de renvoyer les choses et les propositions après les avoir modérées, organisées, formulées, affinées aussi en terme d’organisation concrète.

Dans les ateliers qu’on a eu, ce qui m’a intéressée c’était de se dire : « comment on travaille ensemble ? Quels sont les acteurs culturels sur lesquels on peut s’appuyer pour développer nos histoires dans la durée ? » Comment peut-on faire en sorte que ce message là passe de manière plus large, parce que quand on regarde le paysage culturel à l’échelle nationale, et des scènes nationales, ça ne l’intéresse pas du tout ou très peu. »


- Un rapport différent au territoire... dans le sillon d'une nouvelle vague de décentralisation ?...

« Ce qui ressort des différents ateliers, c’est qu’il y a ce sentiment qu’on participe ou qu’on va participer à une nouvelle étape d’une décentralisation, enfin d’un autre rapport au territoire. C’est bien ce qui nous stimule et, en même temps, il serait très ambitieux ou prétentieux de dire que ce réseau va couvrir ou recouvrir cette nouvelle pulsion ou impulsion. Je pense que demain les politiques publiques seront des politiques croisées entre ce qui reste aujourd’hui d’une politique d’état contractualisée avec les politiques territoriales, avec les politiques des départements, des régions. C’est dans une contractualisation entre les politiques publiques, dans ce croisement de politiques publiques, que se définiront les chemins qu’on essaie de tracer. Cette nouvelle vague de l’action culturelle se fera avec les départements et les régions. Il y a cette envie non dite que ce réseau couvre de fait cette nouvelle vague nécessaire, ce nouveau rapport au territoire, ce nouveau rapport à la population, donc ce travail à l’horizontal. L’aménagement du territoire est largement fait. Il manque ce rapport là qui n’a pas besoin de béton. Il manque la dimension du rapport au politique, parce que c’est avec eux (les élus à la culture) que ça se fera. On appartient à un mouvement beaucoup plus large et si c’est celui, dit autrement, de la nouvelle vague de décentralisation, alors il manque beaucoup de partenaires.

Les Arts du chemin c’est une façon de raisonner autrement, de penser à d’autres choses, d’aborder d’autres thèmes, de mieux partager en transversalité avec des artistes, avec des spécialistes du paysage et avec d’autres personnes qui interviennent sur le territoire. »


- Connotation des Arts de la rue et des Arts du chemin

« Qu’on le veuille ou non, les arts de la rue sont connotés. Quand on parle d’art de la rue, il y a toujours une connotation, et ce serait naïf de penser qu’il n’y aurait pas une connotation réductrice quand on emploie les mots « arts du chemin ».

Effectivement, la connotation est peut être dans les termes. C’est à nous de montrer qu’on ne la réduit pas dans les faits et dans les réflexions.

J’ai cru entendre qu’on disait : « on ne fait pas de label » et en même temps, ce label il est là, il émerge. On le sent devenir Arts du chemin. »

« Mais ce n’est pas un label, c’est un terme, c’est un concept qui, peut être, est creux mais qui a le mérite de questionner.

On a besoin d’outils, on a besoin de communiquer. Nous on l’a fait. On a mis le mot « Arts du chemin » dessus. Il est suffisamment large pour englober tout un tas de définitions et rassembler beaucoup de gens et on n’a pas envie de le préciser plus parce que l’idée ce n’est pas d’exclure.

C’est vrai que, en parlant de choses comme ça, je sens très vite poindre l’institutionnalisation des choses qui se referment en fait. Ça c’est effectivement à bannir si ça doit devenir un annuaire de plus et un annuaire formaté parce qu’on lira qu’un certain nombre de choses très apparentes et qui fixeront une identité très largement encrée dans un certain nombre de règles et de canons qui ne nous concernent plus ici. Non ce n’est surtout pas ça. »

« Je me rends compte que le terme chemin connote quelque chose qui est lié à l’espace, avant de passer sur la métaphore qui peut être le chemin vertical, spirituel, vers les autres, etc.

On parle toujours du paysage en milieu rural mais on peut dire la même chose en milieu urbain où ce côté horizontal, ce rapport au territoire existe aussi. En milieu urbain, la pauvreté de l’action culturelle est équivalente à celle en milieu rural et cette nouvelle vague ne touchera pas, j’espère, que le milieu rural et que ce n’est pas simplement un rapport à la nature, au paysage. Je trouve qu’on a un côté un peu bucolique et l’art du chemin nous renferme, comme les arts de la rue nous ont renfermés sur une image très simpliste ou très réductrice sur ce que sont les arts de la rue véritablement. J’ai toujours eu peur des appellations et l’appellation arts du chemin a ce côté bucolique qui ne va pas recouvrir la totalité de ce que ça peut être. »

« Un seul élément d’une topographie beaucoup plus générale est forcément réducteur. En même temps, si on l’avait appelé art du territoire, ça englobait le tout. L’idée de schématiser un peu ce qui peut éventuellement faire le parcours, le lien, et traverser l’ensemble du territoire en utilisant le terme chemin, c’est peut être là la vertu agissante de ce qui n’est pas un label mais une proposition de travail. »


- En pratique…

« Il faut peut être essayer de structurer au moins trois groupes de travail sur une période déterminée, peut être à échéance de deux ou trois mois pour que les choses aient eu le temps de décanter de façon à proposer une nouvelle rencontre qui serait peut être une confirmation d’un réseau, ou peut être avec le soutien d’un autre réseau ou en s’appuyant sur plusieurs autres réseaux et avec une visée de plus-value, de diversité des acteurs et des participants. Parce que de la même façon que nous n’avons pas ici rassemblé la totalité de ceux qui contribuent à rendre vivants et actifs les quelques concepts que nous avons approchés, qui esquissent une définition des Arts du chemin, les Arts du chemin ne seraient pas à eux seuls l’acteur ou les acteurs de la rénovation ou de la décentralisation culturelle. C’est sans doute, par contre, un assez bon paradigme. Alors, essayons de le définir un peu mieux, et faisons le vivre un peu plus. »

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