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11.09.2009

Contribution d'Hugues Bazin aux Rencontres de Clères


Architecture fluide

Je réagis avec un peu de retard à notre dernière rencontre des Arts du Chemin à Clères. Déjà pour remercier les organisateurs et les acteurs, pas simplement sur un plan professionnel même si la qualité d’une organisation et la pertinence des interventions sont évidemment toujours appréciables, mais justement pour ce qui échappe à toute professionnalité et qui pourrait s'appeler « état d’esprit », « état du mouvement », quelque part par là où le sensible et l’intelligible s’enrichissent mutuellement. Comment expliquer sinon la qualité des présences, des écoutes ? C’est toujours des histoires de rencontres et des chemins que se dessinent en marchant. Mais surtout comme un jardin, c’est précisément un espace qui pousse du milieu (émergence), dont le processus ne peut être défini par ses extrémités. Laissez un morceau de ville en friche, un espace sans fonction et voyez comment l’esprit sauvage écarte les murs, c’est impressionnant, la force d’un brin d’herbe. Alors un être humain ? La dissidence a besoin d’espace ou dit autrement, sans interstice, pas de transformation sociale !


Mais comment l’éphémère peut-il se perpétuer dans le temps, comment se structurer sans s’instituer ? Pour être invité dans des réunions socioprofessionnelles cultureuses ou sociocultureuse, je dois avouer que le sentiment d’étouffement me prend souvent à l’écoute des préoccupations catégorielles qui se limitent à la défense (par ailleurs compréhensible) de groupements ou de structures. Quand le culturel empêche le travail de la culture, revenons au jardinage ! L’avenir est aux architectures fluides, végétales dans ce sens : structurées mais souples, en mouvement, imaginatives, vivantes quoi ! Ce n’est pas un hasard si de nombreux acteurs en recherche avec qui nous formons un « laboratoire d'innovation sociale » se reconnaissent dans cette conception.

Sans doute parce que les Arts du Chemin, de ce que j’ai pu en apprécier, ne sont pas (encore ? !) un label professionnel ou un dispositif labélisant, ils échappent au conformisme et au politiquement correcte ambiant. Je me suis totalement retrouvé dans les formes interactives, interdisciplinaires et interpersonnelles, bref dans cette manière transversale d’explorer les espaces, d’être en interface avec des parcours d’expériences et des modes d’engagement en situations variées.

J’espère que nous nous croiserons de nouveau dans l’une ou l’autre de ces situations. Cet art de cheminer ensemble garde les espaces ouverts pour imaginer un autre possible. C’est qu’il y a des chemins partout, à la campagne bien sûr, mais aussi en plein milieu des villes. Et après tout, rien n’interdit à ces espaces d’être aussi politiques, cela s’appelle je crois des espaces publics dont la vivacité offre un bon baromètre sur l’état de notre démocratie.

Hugues Bazin, chercheur indépendant en sciences sociales, animateur du Laboratoire d'Innovation Sociale par la Recherche-Action

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